Rajeunir avec la maladie

Depuis que je suis atteint de la maladie de Charcot, je vis un véritable paradoxe. En effet plus je m’ enfonce dans cette maladie, plus j’ ai l’impression de retourner vers le stade de bébé ! Comment expliquer tout ça ? 

Il s’agit en fait du regard porté sur moi par tous ceux qui m’entourent…

Les gens ont en effet, un besoin de hiérarchisation pour exister selon les règles culturelles et sociétales avec lesquelles ils ont été construits. Le monde qualifié de normal a établi des règles considérant que la non ressemblance était forcément une faiblesse qui rendait la personne inférieure aux autres. Dans la littérature classique cet état de fait est souvent considéré comme une infantilisation de la personne que l’on estime inférieure à soi du fait qu’elle est dépendante de celui qui possède toutes ses facultés physiologiques.

Dans mon cas, c’est une situation qui me trouble un peu. Ladite situation est quotidiennement caractérisée par des différences de points de vues sur l’évolution de mon état de santé. Effectivement, pour moi, qui de mieux que moi même peut dire ce qu’il ressent et ce qu’il éprouve sur le plan physiologique. L’entourage médical et paramédical ne se fie que sur les données scientifiques qui ne peuvent pas s’appliquer à chacun d’entre nous de la même manière, surtout dans le cadre de cette maladie.

Etre malade à plus de 65 ans et avoir l’impression d’être un bébé d’un an, a été très difficile à accepter, notamment sur les contradictions rencontrées auprès de mes » drôles de dames » lorsque elles m ‘ opposent une sémantique contradictoire à mes demandes, notamment, de me déplacer hors de ma zone de confort ! Bien évidemment, ces refus d’ obtempérer sont toujours justifiés par la prise en compte de ma sécurité. Il leur est, en effet, très difficile de comprendre que quelqu’un qui a travaillé plus de quarante ans comme pompier ne leur demandera jamais d’effectuer des actions dangereuses pour lui !.

Je pense que cette différence de paradigme de conception est certainement dûe aussi à la fois à une forme de refus de prise de responsabilité et à une forme d’exister selon les règles sociétales communément admises.

Paradoxalement, j’ai fini par comprendre que jouer le jeu avec les règles que mon entourage a établi me permettait aussi de rester fidèle à ma mission d’entraide et de sauvetage. J’ai compris que leur servir d’enfant à éduquer les renforçaient dans la prise en compte de leur personnalité telle qu’ils l’imaginent dans leur esprit bienséant.

Au final, revenir à l’état d’enfant, dans la considération des autres, me permets de continuer à effectuer ma mission d’aide !

« Vivre jusqu’au bout pour aider et sauver »